Barrage au RN ou refus de se positionner : les syndicats en ordre dispersé

Le dilemme n’est pas nouveau, mais le contexte est inédit. Avec le RN plus proche du pouvoir qu’il ne l’a jamais été, les organisations syndicales doivent choisir entre appeler clairement leurs adhérents à voter, en faveur (ou défaveur) d’un parti, et rester extérieur à ces élections législatives. L’enjeu n’est pas tant d’influer sur le résultat du scrutin que de faire bonne figure sur le plan des valeurs, sans paraître inféodé à un parti politique ou une idéologie.

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« Nous ne donnons jamais de consigne, nous ne faisons pas de politique partisane, explique au Point Cyril Chabannier, président de la CFTC. Je suis élu pour défendre les travailleurs sur les sujets qui relèvent du monde du travail. Si certains sont à l’aise avec le fait d’appartenir à un syndicat humaniste et modéré et, en même temps, de voter pour un parti politique qui n’épouse pas ces valeurs… Que voulez-vous que je vous dise ? On a toujours dit qu’on était opposé à des partis extrêmes, mais personne ne se dira extrême parmi les votants LFI et RN. Je ne crois pas aux consignes de vote. »

Force ouvrière (FO) non plus n’a pas donné de consigne de vote. Dans un communiqué, le syndicat rappelle son opposition à « toutes les formes de racisme, d’antisémitisme, de xénophobie et de rejet de l’autre ». Et réaffirme son attachement à son « indépendance », référence évidente aux conditions de sa naissance en 1948, durant la guerre froide. Jugeant alors la CGT trop proche du Parti communiste français, des grévistes quittaient, cette année-là, la centrale installée à Montreuil depuis 1966 pour rejoindre ce nouveau syndicat.

Cette indépendance est d’autant plus chère à FO que, « sous la direction de Marc Blondel, secrétaire général de 1989 à 2004, le syndicat était déchiré entre les partisans d’une ligne apolitique et les militants de la gauche trotskiste, explique Dominique Andolfatto, professeur de sciences politiques à l’université de Bourgogne et coauteur du livre Anatomie du syndicalisme (Presses universitaires de Grenoble, 2021). Il faudra attendre l’ère Jean-Claude Mailly (2004-2018), et son choix de laisser beaucoup de latitude aux différentes composantes de la confédération, pour que l’unité de FO fasse son retour. »

L’émancipation des années 1980

Au contraire, il y a les syndicats qui appellent à faire barrage au RN. La CGT, la CFDT, l’Unsa, la FSU et Solidaires ont appelé leurs sympathisants à voter pour « les candidats les mieux placés pour battre l’extrême droite », dans un communiqué commun publié mardi. La CGT n’avait pas attendu les résultats du premier tour, appelant à voter pour le Nouveau Front populaire (NFP) dès le 18 juin par la voix de sa secrétaire générale Sophie Binet.

« Ce n’est pas étonnant, au vu de leur histoire, commente Dominique Andolfatto. Par le passé, il y a eu beaucoup de proximité entre ces syndicats et les partis politiques de gauche. La CFDT était très proche du PS, la CGT du PCF. Jusque dans les années 1980, ils donnaient des consignes aux électeurs. En 1981, ils étaient tous derrière François Mitterrand. »

Cela va changer temporairement avec le tournant de la rigueur décidé par François Mitterrand en 1983. « Les syndicats craignaient d’être associés aux déceptions suscitées par ce changement radical de politique économique », explique l’universitaire. Crainte d’autant plus forte qu’ils ont commencé à voir beaucoup de leurs adhérents les quitter avant même l’accession au pouvoir de François Mitterrand.

Naît alors l’idée de réinventer le syndicalisme en clamant une totale autonomie par rapport aux partis politiques. « Tous, chacun de leur côté, vont s’émanciper, et également cesser de donner des consignes à partir de 1993, développe Dominique Andolfatto. La CFDT a été pionnière dans cette évolution. » Cela change à nouveau au second tour de l’élection présidentielle de 2002. Cette année-là, la CGT et la CFDT, notamment, appellent à voter contre Jean-Marie Le Pen. FO ne les suivra pas.

La CFE-CGC, pour sa part, a choisi de soumettre « un document reprenant l’ensemble de [ses] revendications à chaque parti, en leur demandant de se positionner », expliquait son secrétaire général François Hommeril, le 11 juin, sur BFM Business. Et de préciser : « Les réactions sont publiées sur notre site. Le RN n’a jamais répondu. »


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